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Ayo Olopon : du jeu ancestral nigérian au sport moderne


Un voyage à travers la culture, l’intellect et la renaissance du patrimoine africain


Le jeu traditionnel yoruba Ayo Olopon, l’un des jeux de stratégie africains les plus emblématiques, connaît aujourd’hui une véritable renaissance au Nigeria. Jadis simple passe-temps convivial, il se transforme petit à petit en sport structuré et compétitif, reconnu pour son potentiel éducatif et sa profondeur intellectuelle.

Au cœur de ce mouvement se trouve Aiegus Oluwakemi Abolanle, figure majeure et entraîneuse d’Ayo pour l’État de Lagos. Sous l’égide du National Institution of Sports (NIS) et du Ministère du Développement Sportif du Nigeria, elle s’investit avec passion dans la modernisation du jeu. Initiée à l’Ayo dès l’enfance par son son grand-père, elle en a fait une vocation. De joueuse en 2011 à coach reconnue, elle promeut aujourd’hui un Ayo professionnel, compétitif et générateur de revenus, avec des tournois dotés de prix importants.

Coach Aiegus (en vert) avec ses élèves lors d'un tournoi d'Ayo à Lagos
Coach Aiegus (en vert) avec ses élèves lors d'un tournoi d'Ayo à Lagos

Les vertus intellectuelles et pédagogiques de l’Ayo: quand le jeu devient outil d’apprentissage


Au-delà de son rôle culturel et récréatif, l’Ayo Olopon est désormais étudié pour ses vertus éducatives et cognitives, proches de celles des échecs ou du go.

  • Dr. Akin Ogundiran, professeur d’histoire et d’anthropologie à l’Université de Caroline du Nord, montre que l’Ayo, présent depuis plus de 7 000 ans, reflète des aptitudes en logique, calcul mental et raisonnement stratégique. Selon lui, comprendre l’Ayo, c’est comprendre la pensée sociale africaine, la codification du loisir et l’organisation du travail.

  • Dr. Rebecca Bayeck, chercheuse en sciences de l’éducation, démontre que l’Oware (variante ghanéenne de l’Ayo) développe la pensée stratégique, la patience et la prise de décision.

  • Professeur Mogege Mosimege relie l’enseignement des mathématiques aux jeux de stratégie africains, affirmant qu’ils favorisent une compréhension fluide entre concepts concrets et notions abstraites.

Ainsi, le gouvernement nigérian encourage désormais la pratique de l’Ayo dans les écoles, des maternelles aux universités, comme activité intellectuelle et culturelle valorisante.


Origines et symbolique culturelle profonde


L’expression Ayo Olopon signifie littéralement « les graines dans le plateau ». Ce jeu se joue sur un plateau de 12 trous et 48 graines, entre deux joueurs placés face à face. Le but : semer et capturer plus de graines que son adversaire, dans le sens anti-horaire.

Longtemps réservé aux anciens, l’Ayo était joué après le travail, comme moment de détente et de sagesse partagée. Le dicton yoruba Ere lanfomo ayo se (« le jeu n’est que pour le plaisir ») rappelait son caractère social et pacifique.

Au fil des siècles, il a aussi occupé une place rituelle dans les cours royales, pendant les festivals (comme celui d’Osun Osogbo), ou même dans la résolution de conflits. Gagner à l’Ayo conférait le titre honorifique de ọ̀ta (« l’érudit »), tandis que le perdant était appelé òpè (« l’ignorant »), soulignant le lien entre jeu, savoir et prestige.

Aujourd’hui, l’Ayo Olopon est pratiqué à travers l’Afrique sous divers noms : Oware (Ghana, Sénégal), Wari (Caraïbes), Bao (Afrique de l’Est) ou Teratar dar (chez les Tiv du Nigeria). Ces ressemblances confirment son appartenance à la grande famille des jeux de stratégie africains dits jeux de semailles

.

Institutionnalisation et formation sportive


Le National Institution of Sports (NIS) de Lagos joue un rôle central dans la structuration du sport Ayo. Créé en 1988, il forme des centaines d’étudiants chaque année à différents niveaux :

  • Initiation (6 mois) : apprentissage des bases du jeu et de sa théorie, à environ 150 000 nairas.

  • Perfectionnement (1 an) : développement stratégique et participation à des tournois régionaux.

  • Cycle expert (3 ans) : approfondissement historique et professionnel, conduisant à des carrières de coachs et arbitres.

Le cursus comprend des enseignements en anglais et en yoruba, renforçant ainsi la transmission du patrimoine culturel. Les diplômés sont encouragés à créer des clubs d’Ayo dans leurs États d’origine, renforçant la structure nationale du jeu.

Le Ministère du Sport, la Traditionnal Sports Federation of Nigeria (TSFN) et le Ayo Association Board collaborent pour harmoniser les règles, former les arbitres et organiser des tournois interétatiques et nationaux.


Tournois et compétitions modernes


Devenu un sport à médailles lors du National Sports Festival (NSF) du Nigeria, l’Ayo Olopon attire désormais des joueurs de haut niveau, hommes et femmes. Des compétitions comme les Western Games, les Head of Service Games et les Youth Games se multiplient à travers le pays. Les prix peuvent atteindre 2 millions de nairas, attirant une nouvelle génération de joueurs.

Des sociétés privées comme Grand Oak Limited, MTN, Glo ou Dangote soutiennent également la promotion du jeu, notamment via des versions mobiles et en ligne d’Ayo Olopon, qui rapprochent les jeunes des traditions africaines à l’ère numérique.


Défis et perspectives


Malgré l’élan de modernisation, plusieurs défis demeurent : manque d’infrastructures hors de Lagos, financements instables, et baisse d’intérêt culturel chez la jeunesse. Toutefois, l’engagement croissant des institutions et le développement d’Ayo comme discipline intellectuelle et éducative laissent entrevoir un futur prometteur.

L’ambition ultime est claire : faire reconnaître Ayo Olopon comme un sport africain à part entière, jusqu’à sa possible introduction aux Jeux Olympiques, symbole d’une Afrique alliant tradition, stratégie et intelligence collective.


 
 
 

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